Formes nouvelles tokhariennes B extraites des fragments de Berlin II. Formes du duel, formes du prétérit, formes nominales choisies
- Авторлар: Itkin I.B.1,2
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Мекемелер:
- Institute of Oriental Studies, Russian Academy of Sciences
- HSE University
- Шығарылым: № 4 (2024)
- Беттер: 121-134
- Бөлім: Articles
- URL: https://ogarev-online.ru/0373-658X/article/view/263200
- DOI: https://doi.org/10.31857/0373-658X.2024.3.121-134
- ID: 263200
Толық мәтін
Аннотация
The article continues the work of cataloging earlier unknown Tocharian B forms found in unpublished text fragments from the Berlin collection (“THT-fragments”), which was started in [Itkin 2022]. It includes the analysis of several dual forms (of different reliability), preterit forms, and some nominal forms that are of special interest as regards inflectional and word-formation morphology, correspondences with Tocharian A forms, and other linguistic features.
Негізгі сөздер
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Introduction
Le présent article continue notre recherche sur des formes nouvelles qu’on peut trouver dans les fragments tokhariens B de Berlin (pour la plupart inédits) commencée dans [Itkin 2022]. Les conventions que nous suivons sont les mêmes : des mots tokhariens sont cités en translittération simplifiée standard ; si le contexte est insignifiant pour l’interprétation de telle ou telle forme, il peut être omis partiellement ou totalement. Si le contraire n’est pas indiqué, nos traductions des lemmes correspondent plus ou moins à [Van Windekens 1976]. Des signes <?> et (?) marquent « un peu douteux » et « assez douteux » respectivement.
1. Formes du duel
Les formes verbales du duel les plus certaines (très peu nombreuses) sont énumérées dans [Malzahn 2010: 48], les formes nominales dans [Kim 2018] et [Itkin 2021]. Comme nos connaissances sur le duel tocharien sont très incomplètes pour le moment, chaque forme nouvelle, même si elle est douteuse, mérite la mention et la discussion.
1.1. Formes verbales
(?) [p]luṣteṃ 3 Du Pr A de plu- ‘planer, flotter’
Cf. //// [p]luṣteṃ lare yok karuntsa (B 72, 2) ‘… with lovelike pity’ [Adams 2013: 595].
Selon [Sieg, Siegling 1953: 12, n. 3], [p]luṣteṃ est «[v]ermutlich für pluṣt teṃ», i.e. pluṣt 2 Sg Pr A de plu- + teṃ pronom démonstratif ‘≈ cela’. Du point de vue formel c’est possible, mais, comme M. Malzahn le remarque, «this analysis is far from certain» [2010: 745]. En effet, la position du pronom est étrange, et il est difficile de comprendre quel sens il pourrait apporter dans la phrase. Cependant [p]luṣteṃ peut être un mot entier écrit de façon absolument correcte, notamment 3 Du Pr A de plu-. La désinence du 3 Du A au présent est -teṃ, cf. nesteṃ 3 Du Pr A de nes-/ṣai-/tāk- ‘être’.
Quel pourrait être le sujet de cette phrase ? Le verbe plu- renvoie souvent aux divinités qui marchent dans l’air. Le folio B 72 appartient à Araṇemi-jātaka. Ce Jātaka commence par la conversation entre deux dieux bienveillants qui s’appellent Jñānaprabhe et Karuṇaprabhe en tokh. A, mais Jñānasthite et Guṇasaṃpade en tokh. B. Outre cela, la ligne 1 du petit fragment THT 1684 (qui semble provenir du même manuscrit) indique : //// n∙ wī ña ////, et la restitution wī ña(ktene) ‘deux dieux’ est bien plausible. Mais comme nous n’avons aucune justification indépendante que le fragment THT 1684 appartient à la feuille B 72, l’interprétation de [p]luṣteṃ proposée ici reste purement hypothétique.
(?) pälṣte꞊ñ 3 Du Pr A avec PE du 1 Sg de päl- ‘dresser (l’oreille)’ ([Van Windekens 1976: 375] inexactement pilts- ‘tendre’)
Cf. (////) (klau)ts pälṣte꞊ñ ci pälskā //// (THT 1178 b3) <pour l’interprétation v. plus bas>.
La conjecture est certaine : une locution klauts päl- ‘dresser l’oreille’ est attestée en tokharien B plusieurs fois ; dans [Itkin 2021: 127] nous avons présenté des arguments en faveur du traitement de klauts päl- comme une sorte de verbe composé (angl. «phrasal verb»).
Des formes du Pr de päl- sont inconnues, mais le nomen agentis klautsa-pälṣi* ‘celui qui dresse l’oreille’ (cf. (klaut)s(a)-pälṣi (B 16 b2), klausa-pilṣi (IOL Toch 246 a4)) indique que ce verbe appartient à la cl. VIII [Malzahn 2010: 712–713]. Cela signifie qu’une forme attendue de 3 Du Pr A est en effet pälṣteṃ* ; l’omission de ṃ devant ꞊ñ enclitique est régulière, cf., par exemple, yeye꞊ñ (IOL Toch 119 b3) 3 Pl Ipf A avec PE 1 Sg de y-/ ‘aller’ à côté de yeyeṃ (B 430 a2, etc.), même forme sans pronom 1.
Mais le texte laisse beaucoup de questions. La fonction du pronom ꞊ñ n’est pas claire 2 : ‘(vous) <deux> dressez mon oreille’ (ce qui sonne de façon bizarre) ou ‘(vous) <deux> dressez l’oreille à moi’ ? Le rapport syntaxique entre le pronom ci ‘tu (Acc)’ et pälskā //// une forme quelconque du verbe pälsk- ‘penser’ est aussi incompréhensible.
La ligne b5 se lit (////) (a)niru(ddh)[e śl]e yärke mātärś we[ṣṣä](ṃ) //// ‘Aniruddha dit à sa mère avec vénération’. L’épisode « Aniruddha (ou Anuruddha) demande à sa mère la permission de devenir moine » est bien connu, mais cela ne suffit pas immédiatement pour clarifier la ligne b3.
ṣaiteṃ 3 Du Ipf A de nes-/ṣai-/tāk- ‘être’
Cf. ♦ tay no wi [p]i[kw]ä[n]m[i] ṣaiteṃ ♦ ṣe ñormeṃ l[y]ämisā wäte lyokai paiyye (THT 1313+1314 b7) ‘ces deux grains de beauté (?) étaient donc : l’un — dessous sur la lèvre, l’autre — … pied’ [Itkin 2021: 135].
Le compte-rendu [Itkin 2021] est consacré aux formes nominales, c’est pourquoi la structure morphologique de la forme ṣaiteṃ y est laissée sans analyse. Cette structure est parfaitement transparente : ṣai- est le thème d’imparfait du verbe nes-/ṣai-/tāk- ‘être’, et -teṃ est la désinence du 3 Du A au présent (donc à l’imparfait, au subjonctif et à l’optatif aussi) mentionnée déjà ci-dessus. On peut composer une proportion
nest ‘tu es’ : nesteṃ ‘vous deux êtes’ = ṣait ‘tu étais’ : ? ‘vous deux étiez’,
d’où « ? » est ṣaiteṃ.
<?> [pä]l[k]ais 3 Du Pt A de pälk- ‘briller’
Cf. [pä]l[k]ais (m)e(ñ)[e mä]kte ram[t r]ohiṇiṃṣa 3 [ṣ]es[a ke]kmū (THT 1321+1312 a2) ‘…<ces deux> brillaient comme la lune s’étant réunie (litt. ‘étant venue ensemble’) avec la constellation du Taureau’.
Le texte appartient au stade archaïque de la langue. Un ou deux akṣara qui précèdent la forme en question sont illisibles. La continuation de la phrase est moins claire ; elle contient une comparaison avec trai eśaiṃ ‘trois yeux’ (sic!). Malgré cela, la lecture et l’interprétation semblent plus ou moins certaines. La feuille THT 1321+1312 suit immédiatement la feuille THT 1313+1314, c’est pourquoi il est possible que [pä]l[k]ais renvoie aux mêmes deux pikw’s décrits à la ligne THT 1313+1314 b7.
La désinence du 3 Du Pt A -ais est connue par des formes ltais de lä-n-t- ‘sortir’ et stāmais de käly-/stäm- ‘être debout’ [Malzahn 2010: 48]. Puisque le verbe pälk- ‘briller’ est beaucoup moins fréquent, on peut penser que non seulement la morphologie nominale, mais aussi la morphologie verbale du duel n’avait pas encore commencé de se délabrer en tokharien B archaïque.
1.2. Formes nominales
p[ai]nai[sä](ñ) G Du de paiyye ‘pied’
Cf. p[ai]nai[sä](ñ) //// (THT 1204.a b3 (= b2 dans [Tamai 2007])).
Forme attendue, mais pas encore enregistrée suivant le même modèle que des formes déjà connues eśnaisäñ, klautsnaisäñ et (peut-être, artificielle) ñäktenaisä(ñ) G Du de ek ‘œil’, klautso ‘oreille’ et ñakte ‘dieu’.
cmeli* N-Acc Du de camel ‘(forme de) naissance’
Cf. wi cmeline (THT 1347 b3) ‘en deux naissances’.
Cet exemple doit être ajouté à quatre autres exemples de cmeli* ‘<deux> naissances’ énumérés dans [Itkin 2021: 135]. Il est vraiment étonnant que toutes ces attestations se manifestent dans des fragments inédits.
<?> skrenane N-Acc Du de skreṃ* ‘un oiseau quelconque’
Cf. skrenane (THT 1600 b3).
L’acception du mot skreṃ* est controversée : ‘pigeon’ (traduction habituelle) ou ‘corneille’ [Adams 2013: 774–775] ? Cette dernière interprétation repose sur une comparaison avec tokh. A sukrāṃ*. Mais la correspondance entre skreṃ* et sukrāṃ* n’est pas régulière 4, et le sens de sukrāṃ* est litigieux à son tour : ‘corneille’ (= skt. kāka- ; cf., par exemple, [Carling, Pinault 2023: 525]) ou ‘milan’ (= skt. gr̥dhra- ; cf., par exemple, [Itkin 2023: 237]) ? En tout cas, pour nos fins une traduction vague est suffisante.
La forme skrenane est sans contexte, c’est pourquoi son interprétation n’est pas certaine, mais une interprétation alternative comme Loc Sg semble peu probable du point de vue sémantique comme du point de vue accentologique (on attendrait skrenne*). Si skrenane est vraiment la forme du duel, elle peut signifier un couple d’oiseaux, mâle et femelle.
2. Formes du prétérit
śayāre 3 Pl Pt A de śau- ‘vivre’ ;
pelykar 3 Pl Pt A K de pälk- ‘brûler’
Cf. //// (e)tri rṣāki lāñc wroci airpätte [ś](au)l śayāre pelykar śaiṣṣe [♦♦] (THT 1331.c+j a1) ‘Des héros, des ermites et des grands rois vivaient une vie negligeante (?) et tourmentaient le monde’.
La conjecture (e)tri semble certaine grâce à un parallèle proche : mā lāñc wrocci mā etri (B 46 b4) ‘no great kings, no heroes’ (traduction selon [CEToM]).
Le verbe ‘vivre’ a deux formes de 3 Sg Pt A : śāya (Pt I) et śawiya (Pt VII) [Malzahn 2010: 916]. La première est attestée deux fois : B 45 a5, THT 1131.b b1 (même manuscrit où on trouve śayāre), la dernière est un ἅπαξ λεγόμενον (B 576 a4). Puisque la forme śayāre appartient aussi au Pt I, cela appuie une supposition que śawiya soit une déviation quelconque, peut-être, une licence morphologique metri causa.
Quant à pelykar, on peut comparer cette forme avec 1 Sg Pt A K pelykwa et 3 Sg Pt A K pelyksa. Ce dernier est attesté en plein à la ligne suivante, THT 1331.c+j a2.
sāmpāmai 1 Sg Pt M de sāmp- ‘prendre, enlever’
Cf. sāmpāmai (THT 1170.g+e b5).
Cette forme provient d’un manuscrit archaïque ; une orthographe “ classique ” serait sampāmai*, cf. 3 Sg Pt M sampāte et 3 Pl Pt M avec PE du 1 Sg [sa]m[p]ānte꞊ñ.
<?> raita 3 Sg Pt A K de ritt- ‘se joindre’
Cf. ceu yärke raita ylai – //// (THT 1174ext [= THT 1174+1205.c+1394.p] a7) <pour l’interprétation v. plus bas>.
En tokharien A on trouve une expression figée (non notée dans [Carling, Pinault 2023]) qui se compose du nom yärk ‘hommage’ (= B yarke) au singulier ou au pluriel et le causatif du verbe ritw- ‘se joindre’ (= B ritt-) : cf., par exemple, yärk ritwässi (YQ-19[III.11] b1), yärkant ritwṣäl (A 17 b4). Cette expression, appartenant peut-être à la langue poétique, semble plus ou moins synonymique à une expression bien connue yärk y-/ ‘rendre (litt. ‘faire’) hommage’.
Si cette expression est commune à deux langues tokhariennes, nous pouvons interpréter le passage en question de façon suivante:
ceu yärke raita ylai[ñ](äkteśc) //// ‘il a rendu (litt. ‘a joint’) cet hommage à Indra’.
Une forme attendue du 3 Sg Pt A K de ritt- est raitta*, cf. 3 Sg Pt M K raittate, mais l’omission d’une des consonnes géminées est un procédé assez fréquent, cf. surtout käloi (THT 1181 a6) au lieu de källoi 3 Sg Opt A de kälp- ‘obtenir’ : les fragments THT 1181 et THT 1174ext se rattachent au même manuscrit [Malzahn 2007: 265].
pk[ā]mai 1 Sg Pt M de päk- ‘avoir l’intention de’
Cf. pk[ā]mai (THT 1267 b1).
Cette forme est absente dans des indicateurs, mais l’interprétation correcte en a été déjà proposée par M. Peyrot [CEToM].
āñmäñña 3 Sg Pt A de āñm-äññ- ‘souhaiter, désirer’
Cf. //// k[au]tsy āñmäñña ♦♦ (THT 1273.a+1438.b a1) ‘(il) a souhaité de tuer…’.
Le verbe āñm-äññ- forme le Pr moyen de la cl. XII ; cette classe correspond bien à -ññ-prétérit (Pt V, selon [Malzahn 2010: 221]). Mais, de façon intrigante, notre forme est active, et c’est la première forme active attestée dans ce type du Pt en générale [Ibid.]. L’accent initial est à noter.
[t]sakāmai 1 Sg Pt M de tsāk- ‘percer, piquer’
Cf. //// mäkcya eśn(e) [t]sakāmai krent śīlaṣṣeṃ ♦♦ (THT 1304 b3) ‘…je me suis crevée moi-même mes yeux de bonne conduite’.
Première attestation de la forme moyenne du prétérit, sans aucun doute avec le sens réfléchi.
Le syntagme eśn(e) … krent śīlaṣṣeṃ montre l’accord de l’adjectif au pluriel avec la forme du duel. Cet exemple manque dans [Kim 2018: 24] et [Itkin 2021: 131].
m[yā]rsate꞊ñ 3 Sg Pt M K avec PE du 1 Sg, myarsate꞊c 3 Sg Pt M K avec PE du 2 Sg de märs- ‘oublier’
Cf. m[yā]rsate꞊ñ (THT 1313+1314 a1), myarsate꞊c (THT 1449.e b2).
La lecture myarsate꞊c est certaine. Le texte THT 1449 n’est pas classifié dans [Peyrot 2008], mais il montre des traits archaïques, cf. surtout akṣa (THT 1449.e a3) 3 Sg Pt A de āks- ‘annoncer, enseigner’ à côté de ākṣa classique.
La situation avec d’autres formes du Pt K du verbe märs- n’est pas claire. Nous n’avons pas réussi à trouver la source de la forme myārsatai꞊me soi-disant 2 Sg Pt M K avec PE du Pl citée dans des indicateurs. D’autre part, il n’est pas évident que la forme lue traditionnellement comme myārsā꞊ne (Or 8212.163 b3 ; texte archaïque) 3 Sg Pt A K avec PE du 3 Sg ne soit pas en réalité myārsāte 3 Sg Pt M K.
lamāre 3 Pl Pt A de ṣäm-/läm- ‘être assis’
Cf. lamāre (THT 1346.c a2).
Une forme déjà connue de 3 Pl Pt A du verbe ṣäm-/läm- est lymāre (PK AS 18B b4, B 107 b2), mais la variation lamāre ~ lymāre est strictement parallèle à la variation stamāre (PK AS 15F b4 5) ~ śmāre (PK NS 78.1 b4 ; manque dans [Malzahn 2010: 959] où une forme encore plus innovante śimāre est donnée) qu’on voit en 3 Pl Pt A de käly-/stäm- ‘être debout’.
Le rapporteur anonyme suivant [Peyrot 2013a: 253] doute que l’analyse de stamāre soit correcte. Mais quelle interprétation alternative en serait possible ? Cette forme correspond à tokharien A ṣtamar, et les formes stamāre et lamāre se soutiennent mutuellement.
M. Malzahn traite à bon droit la forme stamāre comme «showing archaic ablaut» [2010: 959]. Compte tenu de cela, il serait logique de supposer que la forme lamāre soit antérieure à lymāre. Et en effet, le texte PK AS 18B est classique, le texte B 107 est tardif ; les fragments THT 1346 ne sont pas énumérés dans [Peyrot 2008], mais l’orthographe eu\rtse (THT 1346.a a3) pour aurtse ‘large’ témoigne en faveur du stade archaïque.
[m]yāṅka, <?> my[ā]ṅka 3 Sg Pt A K de mäṅk- ‘être privé de’
Cf. //// laṃ snai ramt [m]yāṅka wate no //// (THT 1403.j b5) ‘(il) a surmonté … sans parallèle (?) ; et le deuxième…’.
Cf. <?> //// – my[ā]ṅka (THT 1299 a2) <pour le contexte et l’interprétation v. plus bas>.
Le causatif de mäṅk- semble avoir l’acception ‘≈ surmonter, surpasser’ (‘overcome’ [Malzahn 2010: 752-753] ; cf. plus loin [Van Windekens 1976: 289] : ‘(faire) perdre, vaincre, subjuguer, battre’). Des formes du Pt K manquent, mais myāṅka* est une forme attendue selon un schéma commun aux verbes en mä-, cf. myāska 3 Sg Pt A K de mäsk- ‘échanger’ (causativum tantum) ; v. aussi là-dessus myārsate* 3 Sg Pt M K de märs- ‘oublier’.
Pour la ligne THT 1403.j b5 la lecture snai ramt est proposée par [Tamai 2007]. Nous suivons cette lecture bien que pour le moment ce soit l’unique exemple où la conjonction comparative ramt ‘comme’ est employée en fonction nominale.
Pour la ligne THT 1299 a2 M. Malzahn propose la division des mots //// m y[ā]ṅka wrotsai wertsai avec y[ā]ṅka 3 Sg Pt A de yāṅk- ‘être trompé’ et la traduction ‘… was deluded; the great gathering …’ [Malzahn 2010: 784]. Mais en totalité la partie subsistante de cette ligne est celle-ci : //// – my[ā] ṅka wro tsai we rtsai ne kā – ////. Sans aucun doute, on y trouve non pas l’Acc wertsai mais le Loc wertsaine 6 ; pour un mot suivant la conjecture kā[r](pa) //// ‘est descendu’ semble probable (quoique non la seule possible). À notre avis, la forme my[ā]ṅka mieux correspond au contexte que y[ā]ṅka : //// – my[ā]ṅka wrotsai werts<y>aine kā – //// ‘(il) a surmonté … et il est descendu (?) à la grande assemblée’.
lyimāsta 2 Sg Pt A de ṣäm-/läm- ‘être assis’
Cf. lyimāsta (THT 1468, 3).
Dans [Malzahn 2010: 843] la forme du 2 Sg Pt A du verbe ṣäm-/läm- est reproduite comme lyamāstā (sic!) avec une référence au fragment B 344.6. Mais cette forme n’existe pas : dans [Sieg, Siegling 1953: 225] on trouve lyāmastā, et la photographie confirme que la lecture des éditeurs est correcte. B 344 est un texte archaïque, l’orthographe lyāmastā correspond à /l’āmāstā/ — une forme qui doit être 2 Sg Pt A K de ṣäm-/läm- (non pas 2 Sg Pt A du Grundverb !).
Une forme “ classique ” attendue du 2 Sg Pt A est lymāsta*, cf. 3 Pl Pt A lymāre (v. plus haut). La forme lyimāsta montre l’insertion de i après une consonne palatale : trait caractéristique de la langue “ tardive ” [Peyrot 2008: 57–58], cf. aussi [Itkin 2022: 103].
Une correction est peut-être encore nécessaire pour la liste des formes du Pt du verbe ṣäm-/läm-. Depuis [Pinault 1984: 26, 31] à la ligne PK DA M 507.32, 4 (= PK Cp 32, 4) on lit saṅkrām wtetse lmāte ‘le monastère s’est assis de nouveau’ ou ‘le monastère … s’est de nouveau installé’ avec lmāte 3 Sg Pt M de ṣäm-/läm-. Mais le verbe est activum tantum (cf. des explications différentes de cette contradiction proposées dans [Malzahn 2010: 843–844] et [Peyrot 2013a: 252]), c’est pourquoi il est possible que la lecture correcte soit saṅkrām wtetse lmā꞊ne ‘son monastère s’est assis (= s’est installé) de nouveau’ avec une forme active régulière suivie du PE.
<?> paikawa 1 Sg Pt A de pik- ‘peindre, écrire’
Cf. paikawa, extrait probablement de THT 1497 b2.1 — b3.1 où on trouve
♦ tä rya pai ka |
♦ ka wi trau nta wa |
i.e. täryaka wi traunta … paikawa ‘32 traus (mesure de capacité) … j’ai écrit <cela>’ [Itkin 2021: 130].
Si correctement identifiée, la forme est régulière, cf. 3 Sg Pt A paiyka, etc.
rāmamai 1 Sg Pt M de rām- ‘comparer’.
Cf. //// (śä)r[s]āwa rāmamai (THT 1536.c+e b6) ‘j’ai appris et j’ai comparé’.
Le Grundverb de ce verbe très rare est connu par la seule forme, 3 Sg Pt M rāmate, qui est aussi employée avec le verbe kärs- ‘savoir’ : palska toyna ṣotruna śāstärmpa ṣe rāmate istak śarsa (B 107 a2) ‘Il réfléchit à ces signes et les compara avec le Śāstra ; aussitôt, il comprit…’ (traduction selon [Pinault 2008: 156]).
(?) pekuwa꞊ne 1 Sg Pt A avec PE du 3 Sg de päk- ‘faire mûrir, (faire) cuire’ ;
klyautk(a)wa꞊ne 1 Sg Pt A K avec PE du 3 Sg de klutk- ‘se (re)tourner’
Cf. (////) ♦♦ pekuwa꞊ne was[e] [–] me[ṃ] klyautk(a)wa꞊ne maimañce ♦ 1 //// (THT 1575.a+b “b”5 7) ‘j’ai cuit (?) son venin et … je l’ai fait devenir sage (?)’.
Des fragments THT 1575.a et THT 1575.b appartiennent à la même feuille ; aux lignes 3–6, grâce à l’espace blanc autour du Schnürloch, le texte est continu.
Le bas du premier akṣara est endommagé, et la lecture p[r]ekuwa꞊ne ‘je l’ai demandé’ n’est pas absolument exclue (une forme prekuwa 1 Sg Pt A de pärk- ‘demander’ est attestée à la ligne THT 1115 a5), mais la lecture pekuwa꞊ne qui suit [Tamai 2007] semble plus probable. Le Pt de päk- ‘faire mûrir, (faire) cuire’ est connu seulement par le PP pepeku* qui doit indiquer Pt III et par cela même est complètement compatible avec pekuwa꞊ne. Pour des formes en -uwa au lieu de -wa v. [Malzahn 2010: 193] (mais la nature de cette variation n’est pas évidente).
Le Pt K de klutk- est très bien attesté, cf. 2 Sg A klyautkasta, etc.
L’interprétation du pāda entier est difficile 8. La lecture was[e] est certaine parce qu’à la ligne précédente on trouve un syntagme cwi nagen[t]se w[s]eṣ[ṣ]ai m[ai]yy(a) ‘la force du venin de ce dragon’. Pour le mot suivant il y a deux possibilités : [ce]me[ṃ] ‘par cela’ et [tre]me[ṃ] ‘colère’. Ni l’une ni l’autre ne rendent pas le sens et la syntaxe complètement clairs. La forme maimañce est l’Acc Sg m de maimantse ‘≈ sage, prudent’. Cette forme est absente dans [Adams 2013: 508] bien qu’on la trouve dans [Sieg, Siegling 1953: 51] sous la cote B 116.7.
läṅ[k]ā[r]e 3 Pl Pt A de läṅk- ‘pendre’
Cf. //// katsāñ läṅ[k]ā[r]e //// (THT 2359 b4) ‘les ventres pendaient’.
Le prétérit du verbe läṅk- n’était pas attesté jusqu’ici car une forme **laṅkār꞊ne (B 593 a3 reclassifié comme THT 1428 a3) [Malzahn 2010: 839] est fantôme (des doutes sur ce point dans [Itkin, Malyshev 2021: 64] sont injustifiés) : comme l’a indiqué M. Peyrot [2013b: 808, n. 745], la restitution correcte déjà proposée dans [Sieg, Siegling 1953: 378, n. 10] est (raha)syālaṅkārne ‘en Rahasyālaṅkāra’.
Au contraire, l’attestation à la ligne THT 2359 b4 semble certaine ; la mention des ventres pendants renvoie peut-être à des preta, démons toujours affamés. Comme ventre est une partie du corps, on attendrait plutôt katsāñ läṅkāre꞊me ‘nos / vos / leurs ventres pendaient’, mais un akṣara à droite de re est totalement illisible.
tälpā[r]e 3 Pl Pt A de tälp- ‘se purger (?)’
Cf. tälpā[r]e (THT 2360 a2).
Le Grundverb du verbe rare tälp- a été connu seulement par la forme tälpālle* qu’on traite maintenant comme AV I du Pr V (non pas comme AV II) [Malzahn 2010: 660] 9. La forme du Pt I tälpā[r]e correspond très bien au Pr V.
Après tälpā[r]e on trouve wcū[k]∙ ////, quelque forme de wcuko ‘mâchoire’, mais la structure syntaxique de la phrase n’est pas du tout claire.
kessate 3 Sg Pt M de käs- ‘s’éteindre’
Cf. kessate (THT 2376.l a2).
Une forme tout à fait attendue, cf., par exemple, 3 Sg Pt A kessa et 3 Pl Pt M kessante.
karātai 2 Sg Pt M de kār- ‘rassembler’.
Cf. karātai (THT 2648, 3).
Forme régulière, cf., par exemple, 3 Pl Pt M karānte.
(?) kyauwa<s> 2 Pl Pt A K de de ku- ‘verser’
Cf. //// ∙k(∙)∙ kyau wa sa ÷ (THT 2839, 4 ; texte tardif de comptabilité).
Le causatif du verbe ku- est connu par la forme kyauw[a]r[e]꞊n[e] (THT 1575.g a5) 3 Pl Pt A K avec PE du 3 Sg. Selon M. Malzahn, “the exact meaning remains uncertain; maybe the form rather belongs with the root kau- ‘destroy, kill’” [Malzahn 2010: 597]. Mais, comme l’a montré M. Peyrot, le contexte est sans ambiguïté : //// w[r]anta śār kyauw[a]r[e]꞊n[e] //// ‘ils ont fait verser des eaux sur …’ [Peyrot 2013a: 242]. Vraiment, on trouve une expression très semblable à la ligne B 121 a6 : (////) nne wär śār pärsnān ‘ils répandent de l’eau au-dessus de…’.
Si nous admettons qu’à la ligne THT 2839, 4 sa est écrit pour s final, on peut voir ici une forme kyauwa<s> 2 Pl Pt A K de ku- correspondant parfaitement à kyauware*. Mais comme le contexte est presque perdu et notre interprétation suppose une orthographe erronée, elle reste absolument douteuse.
aiksamte 1 Pl Pt M de aik- ‘savoir, reconnaître’.
Cf. aiksamte (THT 3153 b1, sans contexte).
Ce nouvel exemple rend encore plus douteuse l’interprétation traditionnelle de la forme ekasta (B 204 b3) comme 2 Sg Pt A de aik- : toutes autres formes connues de ce verbe sont moyennes.
pa[ṣṣā]mai꞊ne 1 Sg Pt M avec PE du 3 Sg de pāsk- ‘garder, préserver’.
Cf. pa[ṣṣā]mai꞊ne anaiśai ♦ (THT 4031 b5) ‘je l’ai observé soigneusement’.
Une forme paṣṣāmai citée dans [Malzahn 2010: 698–699] n’est qu’une conjecture, c’est pourquoi le fragment THT 4031 nous en fournit la première attestation certaine. Le verbe pāsk- se combine fréquemment avec anaiśai, cf., par exemple, anaiśai po paṣṣīträ ♦♦ (B 135 b8) ‘qu’il observe tout soigneusement’.
3. Formes nominales choisies
Des formes nominales non enregistrées par des indicateurs sont nombreuses dans des textes inédits, mais la plupart de ces formes sont assez banales et ne nécessitent pas un examen détaillé. Peut-être ne serait-il tout de même pas inutile de présenter une courte liste des formes de ce type :
- pkaintsa (THT 1172 b2) Perl Pl de pako* ‘queue (de cheval, etc.) ; balayette (angl. chowrie)’;
- täṅwäntse (THT 1263 b4 [Tamai 2007]) G Sg de taṅkw ‘amour’;
- kaumaiṃ (THT 1311 a4 [Tamai 2007]), k[au]mmaiṃ (THT 1311 b2) Acc Pl de kaumiye ‘étang’;
- ṣecke (THT 1335.c a8) ‘lion’;
- rmämoṃ (THT 1346.a b3) Acc Sg/Pl m de rmamo* ‘≈ s’inclinant, ayant une tendance’. D. Adams indique justement que l’existence de l’adjectif rmamo* est attendue en vertu d’un abstractum rmamñe ‘tendency; bow, reverence’ [Adams 2013: 588]; désormais, cet adjectif est attesté tel quel;
- pailaikneṣu (THT 1347 a3 ; pour p<e>laikneṣu) Voc Sg m de pelaikneṣṣe ‘dévot, vertueux’;
- kāśyapa (THT 1575.a+b “a”5 [Tamai 2007]) Voc Sg de kāśyape ‘Kāśyapa’;
- mewyaṃ (THT 1659.h a2) Acc Pl de mewiyo ‘tigre’;
- pyo[rim]p(a) (THT 1193+2247 b5) Comit Sg de pyorye ‘joug’ (non pas **pyoriṣṣe, pace [Adams 2013: 441]);
- (po)ṣiyañ (THT 2283 a3) N Pl de poṣiya* ‘côté, mur’. On peut reconstituer la forme poṣiyañ* grâce à deux attestations endommagées : ce //// (po)ṣiyañ et po[ṣ]ī(yañ) //// (B 299 b3);
- cokäntse (THT 2658 b2) G Sg de cok ‘lampe’.
Des formes discutées ci-dessous portent plus d’information grammaticale ou lexicale nouvelle, c’est pourquoi elles sont commentées d’une façon un peu plus approfondie.
kerti N Pl de kertte ~ kerte ‘épée’.
Cf. ♦♦ kerti śaktinta triśulänta (THT 1192 a2) ‘des épées, des lances, des tridents’.
Dans les indicateurs jusqu’à [Adams 2013: 211] une forme kercci est donné comme N Pl de kertte. Il s’agit de l’exemple suivant : sū(rya)kāṃtṣi kerci ramt läktseci (B 73 b4 ; texte parallèle dans B 75 (= IOL Toch 89) b1) ‘brillants comme des kerci de cristal solaire’.
Mais un rapport entre kertte et kercci serait sans analogue : il n’y a pas d’alternance t ~ c devant le -i du N Pl, cf. yente ‘vent’ — N Pl yenti. Le sens aussi est étrange. Cependant le tokharien B dispose d’un mot kercci ‘palais’ (plurale tantum), cf., par exemple, ñäkte(ṃ)ts lānte säsweṃtse kercci (PK AS 17f a5) ‘The palace of the lord, the king of gods…’ (traduction selon [CEToM]). Tout cela parle en faveur de la traduction ‘brillants comme un palais de cristal solaire’. On trouve déjà une traduction correcte dans [CEToM] avec un commentaire d’Adrian Musitz : “kerci cannot be the plural of kertte “sword”. Sūryakānta-crystals were not used to make swords, but are used to decorate houses…”. La même idée (“these kercci-forms may actually belong to the paradigm of ‘palace’ rather than to that of ‘sword’”) est avancée sans argumentation concrète dans [Del Tomba 2023: 319].
L’attestation de la forme attendue kerti prouve définitivement que **kercci en tant que le N Pl de kerte n’existe pas du tout.
kreske ‘tir à l’arc, lancement (?)’
Cf. //// ∙ kälym[i]ṣṣ[e] kreske ♦♦ //// (THT 1205.k a1) ‘lancement dans la direction de … (?)’.
Selon toute probabilité, le fragment THT 1205.k provient de même manuscrit que des folios THT 1192 et THT 1193+2247. Un des thèmes principaux de ce manuscrit est une condamnation de la chasse et des chasseurs. Il est possible donc que kreske soit un abstractum du verbe kärsk- ‘lancer’. Pour une “ métathèse ” de cette sorte cf., par exemple, käln- ‘sonner, résonner’ — klene* ‘≈ sonnerie, tintement’.
En tokharien A, où il y a le verbe kärs- ‘lancer’ qui correspond à tokharien B kärsk-, on trouve krase* dans un composé pärra-krase ‘coup de flèche’.
Il semble qu’un adjectif kälymiṣṣe (ou X-kälymiṣṣe) dérivé de kälymiye ‘point cardinal, direction’ ne soit attesté nulle part ailleurs.
nauṣwenta, <?> no[ṣ]uwenta N-Acc Pl f de nauṣu ‘antérieur, précédent’
Cf. ♦ tarya nauṣwenta śno[n](a) //// (THT 1290 b4) ‘trois épouses précédentes’.
Cf. //// [–] ntā rä (–) no[ṣ]uwenta nraintane läklenta tu (////) (THT 1363.d+b a3 10) ‘…dans les enfers antérieurs les souffrances…’.
Des formes du Pl de nauṣu n’étaient pas connues jusqu’ici. Pour la ligne THT 1290 b4 la lecture est sûre. Pour la ligne THT 1363.d+b a3 A. Huard donne //// ∙ñ∙ ntā rä – no puwenta nraintane läklenta tu (////) ‘… les rayons [de la roue] … les souffrances dans les enfers’ [Huard 2022: 490]. Bien que des chars (kokaleṃ) figurent à la ligne a2, notre lecture semble préférable du point de vue paléographique (l’akṣara après no est ṣu plutôt que pu) autant que du point de vue syntaxique (l’énumération commune des rayons de la roue et des enfers paraît un peu étrange). Quant à une contraction au → o, on en trouve un exemple sur un autre folio appartenant au même manuscrit : alyoce (THT 1363.c+a a1) au lieu de alyauce ‘mutuellement’.
wäsaryantsa ~ wsaryantsa Perl Pl de <?> wsaryo* ‘≈ pré, endroit herbeux’
Cf. ♦ saṃtkentasa stānasa wäsaryantsa (THT 1311 a5) ‘d’herbes, d’arbres, de prés’.
Cf. //// [p]y∙ wsaryantsa ciñcre – //// (THT 1402.c b2) ‘…de … et de prés, tendre…’.
Sans aucun doute, on a affaire à un correspondant de tokharien A wäsri* ‘id.’. La variation wäsaryantsa ~ wsaryantsa n’est absolument pas claire (faut-il postuler le thème /wässäräy-/?) ; la même chose est juste pour la forme du N Sg.
Dans THT 1311 a5 le mot sāṃtke attesté plusieurs fois au sens de ‘remède’ a son acception originelle : ‘herbe, herbe médicinale’.
Pour THT 1402.c b2 on peut (non sans quelques difficultés paléographiques) proposer une restitution //// (pya)[p]y[ai](ṃ) wsaryantsa ‘…de fleurs et de prés’.
En tokharien A, des contextes sont très similaires : wāwlunt ciñcraṃ wsäryāsyo ♦♦ (A 70 a5) ‘sont couverts de tendres prés’ ; ts[ā]las wsäryās [p]yāppyāsyo ṣul[i]ñi t[s]äṅkru[nt wā](wluṣ) (A 318ext [= A 318 + A 319 + THT 1418.d] b3–4) ‘les sommets des montagnes sont couverts de tsāl’s, de fleurs et de prés’.
āñmālāṣmñai Acc Sg f de añmalāṣmo* ‘≈ compatissant, miséricordieux’
Cf. āñmālāṣmñai (THT 1536.a b2 [Tamai 2007]).
Comme l’a montré déjà A. J. Van Windekens, l’adjectif añmālaṣke ‘compatissant’ « se compose de B āñme « le soi, le moi » et de B al-āsk- « être malade » » ([Van Windekens 1976: 146] ; de façon surprenante, non mentionné par [Adams 2013: 8]). Peut-être, avons-nous ici quelque métaphore reliée à l’idée du sacrifice de soi.
Pourtant, le méchanisme exact ayant donné la forme añmālaṣke est obscur ; une explication proposée dans [Hilmarsson 1996: 30] et admise par [Huard 2020: 15] — añmālaṣṣälñe + -ṣke → *añmālaṣṣälñäṣke → añmālaṣke par haplologie — est improbable (tout d’abord, un suffixe adjectival -ṣke n’existe pas tel quel). Plutôt añmālaṣke provient de añmālaṣle ‘id.’ sous l’influence de lalaṃṣke ‘tendre’.
Un composé añmalāṣmo* appartient à la même famille : il est dérivé de āñme et alāṣmo ‘malade’.
keyyentse G Sg de kaiyye(*) ‘chance, possibilité (?)’
Cf. āñmālāṣmñai keyyentse pelaikne (THT 1536.a b2) ‘la Loi de la possibilité miséricordieuse (?)’.
Dans [Adams 1999: 200] et puis dans [Carling 2009: 158] tocharien B kaiyye est comparé à tokharien A ke ‘chance, occasion’. Dans le nouveau dictionnaire du tokharien A cette comparaison est omise [Carling, Pinault 2023: 148], peut-être, parce que D. Q. Adams lui-même traite maintenant B kaiyye (suivant [Schmidt 1999: 14–15]) comme un adjectif signifiant ‘bovine’ [Adams 2013: 214].
Ce kaiyye est un δις λεγόμενον:
//// [–] [–] k∙ītär kaiyye wek ṣäp tärkänoy ♦ (B 129 b6) ‘…, et il lamentait à pleine voix’;
//// [mä]nta tärkoy nta kai[yy]e //// (THT 1184 b3 ; traduction cohérente impossible).
Le dernier fragment ne prête aucune information ; le premier n’en donne pas beaucoup plus, mais il est évidemment possible que kaiyye soit non pas un adjectif épithète de wek ‘voix’ mais un substantif subordonné à un verbe qui précède. À notre avis, la conjecture (pre)k(ṣ)ītär ‘il demandait’ proposée dans [Sieg, Siegling 1953: 63, n. 4] contredit totalement la paléographie ; cela fait soupçonner que la forme prekṣītär qu’on trouve dans [Malzahn 2010: 707] et qui en plus serait une seule forme moyenne dans le sous-paradigme du Pr-Ipf est fantôme. Au lieu de (pre)k(ṣ)ītär on peut tenter de lire [tä]k[ṣ]ītär (alors de täks- ‘détruire’ ?!), mais cela reste très incertain 11.
Il faut ajouter que le sens ‘de vache, bovin’ est exprimé en tokharien B par l’adjectif kewiye et que, malgré une mention du lait (mälkwer) à la ligne a2, le folio B 129 n’ait pas l’air d’être consacré à une thématique agricole.
Pour la forme keyyentse une interprétation adjectivale est exclue, et l’acception ‘chance, possibilité’, loin d’être sûre, est toutefois admissible.
Tout cela veut dire que, pace [Schmidt 1999: l. c.], le traitement de kaiyye proposé dans [Adams 1999: 200] n’est pas forcément “abwegig”. Si même kaiyye attesté dans B 129 et THT 1184 et kaiyye* connu par le G keyyentse sont homonymes, ce deuxième kaiyye* peut tout à fait être un correspondant du tokharien A ke.
amanīke ‘orgueilleux’
Cf. //// nta mantālaitse aknātsa ysalytse amanīke en∙(∙)e //// (THT 1686+3280 a5) ‘…haineux, ignorant, hostile, orgueilleux, …’
La conjecture en[t](s)e(sse) ‘égoïste’ est plausible, mais pas absolument certaine.
D. Q. Adams, semble-t-il, traite ysalytse non pas comme adjectif, mais comme une forme “ syncopée ” de ysalyäntse, G de ysalye ‘discorde, envie’ [Adams 2013: 567] ; cependant, c’est impossible.
La forme amanīke qui diffère par sa dérivation des formes voisines, est remarquable. Comme le suffixe -ikV est propre à plusieurs langues indiennes et iraniennes, il n’est pas toujours facile d’établir si tel ou tel mot en -ik (A) ~ -ike (B) est un dérivé proprement tokharien ou un emprunt. Si on se limite aux formes à côté desquelles il y a des formes sans -ik ~ -ike en tokharien-même, cela nous donne la liste suivante:
B abhidhārm ‘Abhidharma’ — abhidharmike
A āṣāṃ ʽrespectable, vénérableʼ — āṣānik, B aṣāṃ — aṣanīke
(?) B brāhmaṇe ‘brahmane’ — brāhmaṇike ‘?’ (IOL Toch 449 a2, sans contexte)
A kākmärt ‘majesté, domination’ — kākmärtik, B *kamārt — kamartīke 12
A kāruṃ ‘compassion’ — kāruṇik, B kāruṃ — kāruṇike*
A kritāṃ ‘gratitude’ — kritānik, aussi akritānik* ‘ingrat (?)’, B kritāṃ* — kr̥tanīke
A pintwāt ‘aumône’ — pintwātik*, (B pintwāt — ? 13)
A spaktāṃ ‘service’ — spaktānik, B spaktāṃ — spaktanīke
cf. aussi A sne-pältik ‘?’ : G. Carling et G.-J. Pinault en se basant sur l’acception ‘without justice, depraved’ dérivent ce mot de sne-pal ‘unrighteousness, injustice’ [Carling, Pinault 2023: 538]. Cela est peut-être plausible du point de vue sémantique mais semble absolument impossible du point de vue morphologique et morphonologique. S’agirait-il de quelque métaphore qui lie sne-pältik avec A pält ‘feuille’ (cf. [Poucha 1955: 383])?
Sauf abhidharmike, dont l’aspect graphique trahit l’emprunt non assimilé, tous les dérivés énumérés là-haut contiennent devant le suffixe -ik ~ -ike /n/ ou /t/. Comme on voit, la paire amāṃ ‘orgueil’ — amanīke correspond très bien à cette régularité.
<?> ko[lmy](e) ‘bassin’
Cf. //// (ke)rcyenne ko[lmy](e) //// (THT 2272 a2) <pour la traduction v. plus bas>.
Comme montré dans [Huard 2022: 410–414], tokh. A koläm* et son correspondant tokh. B signifient non pas ‘bateau’, mais ‘bassin’. Ce correspondant est connu par des formes obliques : Loc Sg kolmaine, etc. A. Huard [Ibid.] restitue la forme du N Sg comme kolmo/a*, mais ces deux variantes n’épuisent toutes les options : kolmiye* est admissible aussi.
La lecture ko[lmy]∙ //// est certaine, et il est difficile d’interpréter cette séquence autrement. Le sens général, ‘un bassin dans le palais’, est assez naturel.
À en juger par l’écriture, le fragment THT 2272 appartient à un manuscrit archaïque. Cela contredit la conception de M. Peyrot qui traite le modèle en -iye comme entièrement secondaire [Peyrot 2008: 106] (à notre avis, ce serait improbable). Mais la forme ko[lmy](e) n’est point isolée. M. Peyrot lui-même note que la forme ymiye ‘chemin’ se manifeste entre autres dans un texte archaïque (B 251 b4). À la ligne THT 2371.g a1 on trouve une forme proskye ‘peur’. M. Peyrot laisse le fragment THT 2371.g sans classification, mais, malgré ses dimensions minuscules, ce fragment doit être caractérisé comme indubitablement archaïque par l’écriture comme par ses traits linguistiques : cf. kreñcän pāke(nta) //// (a2) ‘bonnes parts’, //// ∙(∙)orsā (b1) quelque forme du Perl Sg — les deux fois nous avons ā non accentué. Il se peut que le rapport entre les formes en -iye et en -o soit beaucoup plus compliqué que ne le suppose l’analyse de M. Peyrot.
Le N Sg du mot fréquent ‘fleur’ est toujours pyāpyo. M. Peyrot avoue : “I have no solution for the lack of a nom.sg. **pyapyiye” [Ibid.]. Mais l’absence de **pyapyiye s’explique naturellement par dissimilation : en tokharien B, il n’y a pas de -yiy- sauf -lyiy- qui du point de vue phonétique est, bien sûr, /l’iy/ ; lyekśyiye (PK DA M 507.39+43 a1) n’est qu’une orthographe erronée au lieu de lyekśiye ‘millet (?)’ attesté maintes fois.
añuṣṣai Acc Sg f de añuṣṣe* ‘paisible (?)’
Cf. //// tsi [k](∙)e ñaskemar keṃ añuṣṣai — //// (THT 2377.h a3) <pour la traduction possible v. plus bas>.
L’adjectif añuṣṣe* est dérivé de āñu ‘pause, repos; paix’ ([Van Windekens 1976: 165] : ‘cessation, arrêt, repos’). À la ligne THT 2377.h a3, le verbe ñaskemar peut terminer une phrase précédente ; mais si keṃ añuṣṣai porte sur ce verbe, cela donne un très bon sens : ‘…je cherche une terre paisible’.
<?> [yo]tkolanti G Sg de yotkolau ‘≈ directeur’
Cf. [yo]tkolanti (THT 2930, 1).
Notre lecture coïncide avec celle d’Adrian Musitz [CEToM] qui se pose une question : “Is yotkolanti the plural of yotkolau?” Mais le pluriel de yotkolau doit être yotkolañc* ou (car il s’agit d’un texte économique tardif) plutôt même yotkolaṃś* (cf. saṃtkīnau ‘médecin’ — N Pl saṃtkinaṃś).
Cependant, une autre solution s’impose. La forme archaïque et classique du G Sg de tokharien B walo ‘roi’ est lānte tandis que la forme tardive en est lānti. À ce propos M. Peyrot note : “One would expect that the other nouns of the same class as walo (class 7), like käryorttau ‘merchant’ [Krause, Thomas 1960: 137], display the same development, but I have not found attestations of the type *käryorttanti for käryorttante” [Peyrot 2008: 97]. Si notre interprétation est correcte (la forme en question est presque sans contexte), cela signifie que l’hypothèse de M. Peyrot s’est bien confirmée.
ABBRÉVIATIONS
1, 2, 3 — persona prima, secunda, tertia
A — activum
Acc — accusativus
AV — adiectivum verbale
Comit — comitativus
Conj — coniunctivus (= subjonctif)
Du — dualis
f — femininum
G — genetivus
Ipf — imperfectum
K — Kausativum
Loc — locativus
m — masculinum
M — medium
N — nominativus
N-Acc — nominativus-accusativus
Opt — optativus
PE — pronomen encliticum
Perl — perlativus
Pl — pluralis
PP — participium praeteriti
Pr — praesens
Pt — praeteritum
Sg — singularis
Voc — vocativus
1 Celon le rapporteur anonyme, “the rule remains that ṃ-ñ is written”. Mais, à notre connaissance, les exemples comme aiṃ꞊ñ (B 275 b4) 3 Pl Conj A avec PE 1 Sg de ai-/ ‘donner’ sont rares, tandis que les exemples comme yeye꞊ñ sont nombreux.
2 Le rapporteur anonyme admet que pälṣteñ ci provient de pälṣteṃ ci par assimilation ṃ → ñ devant c. Mais cette assimilation est régulière pour des formes avec PE du 2 Sg ꞊c : cf., e.g., tākaṃ 3 Sg Conj A de nes-/ṣai-/tāk- ‘être’ ~ tākañ꞊c même forme avec PE. Nous ne disposons pas d’exemples pareils avec le pronom accentué ci Acc de tuwe ‘tu’.
3 Pour [r]ohiṇiṃ<p>a (< rohiṇiṃmpa*) Comit Sg de rohiṇi ‘constellation du Taureau’, cf. //// [ro]hi[ṇ]iṃpa meñ-[ñ]äk[t]e (B 389 a8) ‘…le dieu de la Lune avec la constellation du Taureau’.
4 Les formes sukrāṃ et sukrāne données par [Adams 2013: l. c.] sont incorrectes les deux: le N-Acc Sg n’est pas du tout attesté, et G Sg (glose dans SHT 1033) est sukrāne trisyllabique.
5 À la ligne suivante, PK AS 15F b5, on trouve une forme remarquable lalyyāre (laissée sans interprétation par les éditeurs de ce texte dans [CEToM], G.-J. Pinault et M. Malzahn). Cet exemple, 3 Pl Pt A de lāl- ‘se fatiguer, s’efforcer’, appartient à la classe VII et prouve que l’absence totale des formes du pluriel dans cette classe de prétérit [Malzahn 2010: 228] n’est pas une contrainte morphologique, mais une anomalie statistique.
6 Lapsus calami au lieu de werts<y>aine.
7 La face “a” est en réalité verso car on y trouve la pagination (/159/, selon [Tamai 2007]).
8 Je remercie sincèrement Anna Kuritsyna et Sergey Malyshev pour une discussion fructueuse de ce passage.
9 Une forme tälpeṃ (PK AS 19.21 a3) en tout cas n’appartient pas au Pr V. Qui plus est, cette forme semble être transitive; A. Huard, qui postule ‘passer, traverser’ comme sens de base de tälp-, propose pour la phrase entière la traduction ‘Il traverse la terre du cercle d’or’ [Huard 2022: 290]. Peut-être, cette forme constitue 3 Sg Conj A K? Le causatif («Antigrundverb») de tälp- est connu par l’Inf talptsi [Malzahn 2010: 660–661], ce qui est compatible avec cette interprétation.
10 Des jonctions THT 1363.c+a et THT 1363.d+b sont établies par A. Huard [2022: 488, 490].
11 On pourrait même confronter une “ expression figée ” kaiyye täks- à une locution tokharienne A mñe kärṣt- ‘to cut off, destroy a hope’ [Carling, Pinault 2023: 356] qui est bien attestée, mais il va de soi qu’il s’agit d’une construction absolument spéculative.
12 À la ligne THT 1310 b4 (texte tardif) on trouve une forme bizarre kamarttanike. On pourrait la traiter comme une simple faute, mais pareil //// (ka)[m](a)rttanīke doit probablement être restitué à la ligne THT 1602.d b1 (sans doute, texte tardif aussi). Cette forme remaniée attend encore son explication.
13 En tokharien B, la situation n’est pas claire. On y trouve piṃwatikne (PD Bois B114, 1) Loc Sg (?) sans -e attendu et piṇḍapātikeṃ[t](s) (THT 1424.e+1415.j a2) G Pl de piṇḍapātike* emprunté directement au sanskrit.
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Ilya Itkin
Institute of Oriental Studies, Russian Academy of Sciences; HSE University
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Email: ilya.borisovich.itkin@gmail.com
Ресей, Moscow; Moscow
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- Tamai 2007 — Tamai T. A preliminary edition of unpublished texts from the Berlin Turfan Collection. 2007. http://titus.fkidg1.uni-frankfurt.de/texte/tocharic/thtframe.htm.
- Van Windekens 1976 — Van Windekens A. J. Le Tokharien confronté avec les autres langues indo-européennes. Vol. 1: La phonétique et le vocabulaire. Louvain: Centre International de Dialectologie Générale, 1976.
